Bonjour, Karine, peux-tu te présenter ?
J’ai 43 ans et 3 enfants de18, 15 et 8 ans. Je suis mariée et travaille à mon domicile.
Avant de devenir secrétaire indépendante, j’ai travaillé durant 6 ans en service de radiologie en CHU, 13 ans en service de psychiatrie générale en établissement de santé et un an en géronto-psychiatrie dans ce même établissement.
Tu as lancé Dactyl’K en octobre 2009, il y a 5 ans maintenant, est-ce que tu peux revenir un peu sur ton lancement ?
J’ai démarré tout doucement, ayant demandé un congé à temps partiel pour création d’entreprise. Je travaillais le matin en géronto-psy et l’après-midi pour moi.
J’ai pu trouver mon premier client au bout de 3 mois de création, client que j’ai toujours depuis et dont les missions ont évolué. Puis grâce au forum, à toi et à LEXIRIS, au bouche-à-oreille, j’ai trouvé des petites missions (parfois pas si petites), dont certaines continuent et se sont cumulées. J’arrive aujourd’hui à avoir des contacts réguliers qui me permettent un revenu régulier.
Pourquoi avoir choisi le statut d’auto-entrepreneur ?
J’ai choisi ce statut, car il me semblait le plus approprié, et surtout le plus simple.
Mon mari a également monté son entreprise, voici 10 ans : il a démarré en micro-entreprise, puis est passé en entreprise individuelle (plafond dépassé) et enfin en EURL dès qu’il a pu, voici 5 ans maintenant. Comme je m’occupe de son administratif, j’ai donné… J’ai trouvé que ce statut était vraiment plus simple. Je sais qu’un jour si je change de statut, ce sera directement en EURL.
Tu as profité d’un congé partiel pour création d’entreprise. Peux-tu nous en dire plus ?
J’ai suivi le chemin utilisé par mon mari. Il a aussi demandé un temps partiel pour création d’entreprise, accepté par son employeur.
Le souci était que son entreprise était privée, la mienne publique… Mais j’ai tout de même demandé, m’appuyant sur des articles qui annonçaient la possibilité de disposer de ce congé pour un agent fonctionnaire. J’ai donc sauté le pas.
Cela ne s’est pas trop mal passé, il faut être vigilant, surtout quand on est la première de l’entreprise a demandé un tel congé.
Je travaillais donc le matin et consacrais l’après-midi à mon activité.
Seul bémol : je pensais faire de la permanence téléphonique, plus du secrétariat médical : là où je me sentais plus à l’aise. Faire de permanence téléphonique à mi-temps : ce n’est tout simplement pas possible. Difficile de faire comprendre au prospect que je ne pourrais assurer sa permanence que l’après-midi…
Ayant les deux casquettes : secrétariat médical et secrétariat administratif, je me suis vite réadaptée au secrétariat administratif (plus vite que je ne le pensais) et aujourd’hui, je peux proposer les deux (même si j’ai toujours une préférence pour la retranscription médicale).
Aujourd’hui, tu es retraitée de la fonction publique. Peux-tu nous dire un mot sur ton statut de retraitée-entrepreneure ?
Je me suis posé beaucoup de questions : est-ce que je prends ma retraite, est-ce que je ne la prends pas ? Si je ne la prenais pas, je devais reprendre mon travail à temps plein et cesser Dactyl’K. Sinon, je pouvais arrêter mon travail et me consacrer à Dactyl’K à temps plein.
J’ai opté pour la retraite, ne me voyant pas arrêter complètement Dactyl’K.
Cela me permet de recevoir un petit revenu supplémentaire. Très appréciable puisque mon ainé a commencé ces études supérieures cette année.
Le statut auto-entrepreneur est totalement compatible avec le statut de retraitée.
La seule démarche que j’ai récemment effectuée concerne ma couverture sociale : couverte par la CPAM (retraitée) je n’avais pas droit aux indemnités journalières. Je m’en suis rendu compte lorsque j’ai dû m’arrêter quelques jours l’an dernier (opération du canal carpien). J’ai donc demandé à être rattachée au RSI. Cela ne s’est pas trop mal passé : un peu lent, mais cela a été.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées au début de ton entreprise ?
Je ne me souviens pas avoir rencontré de difficultés particulières. À partir du moment où mon congé était accepté, les horaires se sont mis en place, mes journées aussi. Mon premier client est arrivé au bout de 3 mois et a été suivi par d’autres. J’ai également assuré du « sur site » quelques temps, à la demande des clients et selon mes disponibilités.
J’avais déjà le matériel informatique : j’ai juste investi dans un téléphone (simple), un logiciel de retranscription avec casque et pédale et une imprimante. J’ai ensuite investi dans deux enregistreurs numériques.
As-tu bénéficié d’aides et/ou de soutien pour ton lancement ?
Je n’ai bénéficié d’aucune aide financière, je ne pouvais y prétendre en tant que retraitée : pas de chômage, pas d’Accre. Plutôt que de demander un prêt à ma banque, mon mari m’a prêté la somme (minime) dont j’avais besoin. Bien sûr, je lui ai rendu, sans intérêt, et à mon rythme.
Pour le soutien familial, cela a été plus difficile. Mon mari a eu du mal à comprendre que je devais travailler un minimum à la maison pour assurer mes missions. Maintenant, cela va un peu mieux. Mes parents et beaux-parents ont eu du mal à comprendre que je laissais tomber le fonctionnariat, mais ils s’y sont faits (je pense). Le principal est mon confort de vie.
J’ai pu compter sur certaines personnes aussi et leur demander leur avis sur mon logo, ma brochure, etc.
Tu es une fidèle du forum des secrétaires indépendantes. Dirais-tu que celui-ci t’a aidé pour ton lancement ?
C’est grâce au forum que je suis à mon compte aujourd’hui. Je cherchais autre chose, mon travail ne me plaisait plus (du moins son ambiance). L’idée a donc germé petit à petit. J’ai étudié et j’ai fait mon choix (que je ne regrette pas).
En tant que secrétaire indépendante, tu es spécialisée dans le secrétariat médical. Peux-tu nous en dire plus ?
Depuis quelque temps, je travaille plutôt à domicile, mais j’ai commencé le médical en assurant quelques remplacements à droite à gauche. Toutefois, être tenue par des horaires, ce n’est plus mon truc.
Mes premières missions relevaient plutôt de l’administratif, le médical est arrivé petit à petit, tout doucement. J’ai même complété à un moment donné avec la saisie de comptes-rendus médicaux pour une boite basée à Paris. Cela m’a permis de garder la main.
Aujourd’hui, je saisis des expertises médicales judiciaires pour un médecin généraliste, des courriers médicaux pour des spécialistes. Je prends en charge aussi, en moins médical, des facturations pour mon premier client, des enregistrements et rédactions de procès-verbaux, et du phoning. Il m’est également arrivé de retranscrire des entretiens complètement diversifiés, d’imprimer des faire-part, de créer des flyers. Dernièrement, j’ai répondu oui pour la rédaction de fiches de cours par correspondance.
J’adore diversifier mon travail.
Quel est ton secret pour trouver des clients ?
Mes clients viennent à moi différemment, je ne peux pas dire que la distribution de flyers marche mieux que d’autres facteurs. Comme toutes, j’ai imprimé des brochures, des flyers, des cartes de visite. Je laisse quelques cartes de visite/flyers chez les petits commerçants, quand j’en ai sur moi.
J’ai fait moi-même mon propre site (mais je dois me pencher sérieusement sur son référencement…) Je suis inscrite sur Viadéo et aussi d’autres réseaux (que j’utilise moins) et une pub décore la vitre arrière de ma voiture.
Le bouche-à-oreille et le forum font beaucoup également.
Je n’ai pas fait de relevé précis, mais je pense que tu m’as, en tant que forumette et en tant que créatrice de LEXIRIS, beaucoup aidée.
D’après toi, quels sont les éléments indispensables pour réussir comme secrétaire indépendante ?
Être bien organisée, avoir un agenda à portée de main et y noter ce qu’il doit être fait, ou reporter au lendemain ce qui n’a pu être fait le jour même.
Avoir du bon matériel informatique et une imprimante multifonctions (pour recevoir les fax, faire des photocopies, scanner).
Accepter tout type de mission, faire de la sous-traitance (pour garder la main), accepter des missions qui peuvent ne pas correspondre à votre profil. Je donnerai l’exemple du client dont tu ne pouvais plus assurer le phoning, Céline. J’ai hésité avant de répondre positivement, car je suis assez timide. Mon profil a été accepté et j’ai toujours ce client : cela m’a donné de l’assurance au téléphone, que je n’avais certes pas avant.
Quels sont les conseils que tu donnerais à celles et ceux qui voudraient se lancer ?
De bien connaître leur sujet et de vouloir réellement devenir secrétaire indépendante, parce qu’on aime le métier de secrétaire.
Je ne pense pas qu’il faille retenir en premier lieu l’indépendance, la vie à la maison.
Il ne faut pas oublier non plus qu’il est nécessaire que ça marche tout de suite (à moins d’avoir un autre revenu), le démarrage n’est pas si évident.
C’est la persévérance qui a fait de Dactyl’K ce qu’il est aujourd’hui.
5 ans après la création de Dactyl’K, as-tu finalement atteint tes objectifs ?
Financiers : oui. Je voulais retrouver mon salaire à temps plein en tant que salariée, je le retrouve presque tous les trimestres. Ce ne sera pas pareil, je pense, quand je prendrai ma « vraie » retraite, mais je n’ai pas l’intention de calculer combien j’aurais gagné si j’étais restée fonctionnaire…
Personnels : non. J’ai toujours un souci d’organisation…
Les enfants sont en âge de quitter l’école à 15h ou 16h et ont vite compris que je pouvais, peut-être, venir les chercher… Bien qu’étant à une dizaine de km des écoles…
J’arrive tout de même à leur dire non quand j’ai vraiment trop de missions à assurer. Je les récupère tous les trois (deux maintenant) au même endroit et ne fais qu’un aller-retour.
Différents soucis ont fait aussi que ma vie personnelle est passée beaucoup (trop) avant la vie professionnelle, mais je reprends mon rythme petit à petit. La rentrée scolaire m’a beaucoup aidée cette année, car elle m’a permis de me canaliser. Je veux toujours en faire trop en même temps…
Comment vois-tu l’avenir ?
Il m’avait été proposé l’an dernier d’assurer le secrétariat d’une pépinière d’entreprise : continuer mon activité tout en rendant service aux entreprises de la pépinière qui en avait besoin (reprendre leur standard ponctuellement, faire des photocopies, des reliures, gérer une ou deux salles de réunion), mais cela demandait beaucoup plus d’investissements (tant au niveau du matériel, qu’au niveau des horaires). J’ai décidé, après en avoir discuté avec mon mari, que ce n’était pas faisable à ce moment-là, les enfants ayant encore besoin de moi (surtout le dernier). Si l’opportunité se présentait à moi dans 5 ou 6 ans, pourquoi pas ?
Sinon, j’ose espérer maintenant que Dactyl’K soit toujours présent, mais il n’y a rien de plus aléatoire que de travailler à son propre compte.