Regards croisés sur le homeshoring

D’après Wikipedia, « Le homeshoring est une solution innovante de centre d’appel basée sur l’utilisation d’un réseau de téléconseillers travaillant depuis leur domicile. »

Je ne connaissais rien au homeshoring avant de rencontrer le directeur d’EODOM lors d’un atelier consacré au télésecrétariat organisé à Moulins en mars 2012 par le Comité d’expansion économique de l’Allier, puis lors d’une nouvelle rencontre à Montluçon en septembre dernier.

Je me suis aperçue depuis que plusieurs de mes consœurs travaillaient pour des sociétés de homeshoring, notamment dans le cadre de lancement de leur projet, comme moi-même j’avais travaillé en sous-traitance pour une agence de transcription, alors que je n’avais pas encore atteint un volume d’activité suffisant avec mes propres clients.

Pour en savoir plus sur le homeshoring, j’ai demandé à Nadia P et Caroline L de bien vouloir témoigner pour Croquefeuille de leur expérience respective avec les sociétés de homeshoring.

Nadia s’est lancée comme secrétaire indépendante en avril 2011 après une expérience de plusieurs années en secrétariat médical et en tant que téléconseillère.

Caroline est secrétaire indépendante depuis octobre 2010.

« Je me suis lancée dans le télésecrétariat d’un côté, car je crois énormément en ce métier et aux avantages qu’il apporte aux entreprises, mais aussi aux avantages pour moi même, il faut avouer que dans ma région la pénurie des offres d’emploi dans l’administratif est une évidence. » (Caroline)

En tant que secrétaire indépendante, Caroline propose ses services aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. Elle propose notamment des prestations de gestion administrative et commerciale (saisie de courriers ou documents divers, comptes rendus de réunion, transcription audio, suivi des devis et factures, assistance comptable…)

Nadia est une touche-à-tout. Depuis le début de son activité comme secrétariat indépendante, elle passe de missions de téléconseillère, à des prestations de rédaction Web ou de retranscription audio. Sa spécialisation reste néanmoins le secrétariat médical (saisie de comptes rendus médicaux et permanence téléphonique), domaine dans lequel elle espère avoir bientôt un portefeuille de clients fidèles et réguliers.

Pour Caroline, le homeshoring est un travail à domicile assez proche du télésecrétariat dans la mesure où il s’agit surtout de taches administratives et commerciales. La différence principale tient à ce que le prestataire travaille pour une société qui est elle-même déjà sous-traitante.Retour ligne automatique
Elle précise que ce concept est déjà ancré depuis des années aux États-Unis et qu’il se développe en France depuis deux ou trois ans.Retour ligne automatique
Beaucoup de sociétés bien connues travaillent avec des sociétés de homeshoring. Leur avantage est de ne payer que le travail effectué.

Pour Nadia, travailler en homeshoring, notamment en réception d’appels, c’est comme travailler en centre d’appels, avec l’avantage des horaires choisis.

Cette dernière a travaillé pendant quasiment un an (mai 2011 à juin 2012) pour une société de homeshoring. C’était au lancement de son activité :

« Étant très active de nature, je voulais avoir des missions de suite, j’étais plus que motivée. Mais au bout d’un mois, je ne voyais rien venir. Et la relation client en tant que telle commençait à me manquer. » (Nadia)

Elle a donc mené son enquête sur internet auprès de consœurs qui travaillaient déjà pour cette même société, puis s’est lancée.

Caroline travaille pour cette même société de homeshoring depuis trois mois. Elle recherchait un complément d’activité qui correspondait à ses capacités.

Les avantages mentionnés sont la flexibilité des horaires choisis et aménagés selon un calendrier prévus à l’avance.

« Il est tout à fait possible de ne travailler que quelques heures dans la journée, dans la semaine, dans le mois, c’est réellement attractif. » (Nadia)

Plus on travaille, plus on est sollicité, et plus on gagne, Nadia a ainsi pu cumuler jusqu’à trois missions différentes simultanément, ce qui demande, précise-t-elle, une grande organisation.Retour ligne automatique
La diversité des missions a été également pour elle un élément positif.

Caroline mentionne en outre l’avantage d’être payé dans les temps et de ne pas avoir à se préoccuper des impayés. (Cette affirmation serait peut-être à nuancer selon les sociétés de homeshoring.)

En ce qui concerne les inconvénients, il y a bien sûr les tarifs qui sont fixés par la société de homeshoring et que les prestataires aimeraient plus élevés. « Eux-mêmes ont négocié auprès de leurs clients et n’ont pas de marge à nous proposer  », précise Caroline.

Cette dernière souligne également que la relation avec la société de homeshoring entraine plus de comptes à rendre qu’avec ses clients propres : « on retombe un peu dans un côté “salarié” avec prévision du planning. »

Nadia, pour sa part, insiste sur l’importance de l’investissement personnel demandé à leurs agents par les sociétés de homeshoring :

« Par exemple, pour l’une des missions pour laquelle j’avais travaillé, j’ai été formée pendant 3 semaines sans aucune possibilité de travailler à côté.
Concrètement, pour environ 150 heures de présence, il faut compter 1 300 euros nets, mais répartis sur 7 jours dans la semaine, sachant que les journées les plus chargées sont les samedis et dimanches.
 »

Elle a par ailleurs souffert de l’isolement et du cloisonnement induit par le mode d’organisation imposé par la société :

« Lorsque j’étais en production, je n’avais aucun moyen de discuter avec les personnes qui travaillaient en même temps que moi. Ça devenait frustrant de ne jamais rien pouvoir échanger avec mes collègues. »

Nadia a finalement arrêté de travailler en homeshoring, car elle a déménagé dans un endroit où elle ne bénéficiait pas d’une bonne qualité de flux internet.

« Ensuite, le côté cloisonné me pesait de plus en plus, il me fallait trouver d’autres perspectives d’évolution. C’est facile de travailler en ayant les missions sous le coude, mais ce n’est pas ce que j’appelle “être indépendant”. »

Malgré ces inconvénients, Nadia et Caroline conseilleraient aux secrétaires indépendantes qui se lancent de travailler avec une société de homeshoring.

Nadia considère qu’il est valorisant de facturer de suite quand on se lance.Retour ligne automatique
Les missions confiées permettent également de renforcer son expérience en multipliant les missions. « Mais je pense qu’il ne faut pas perdre de vue l’objectif que le homeshoring est un tremplin. » Elle rappelle que le but premier d’une secrétaire indépendante est de trouver ses propres clients à son propre tarif.

Caroline souligne également que cette collaboration avec une société de homeshoring permettrait pour certaines de maintenir leur motivation : « En début d’activité, on baisse un peu les bras quand on ne trouve pas immédiatement des clients. »

Pour cette dernière, les qualités nécessaires pour se lancer sont la disponibilité et l’assiduité. Après, cela dépend de la mission confiée.Retour ligne automatique
Les tests effectués en début de collaboration avec la société de homeshoring permettent de mesurer les aptitudes des agents en tant que vendeur ou conseiller. Les missions sont donc confiées aux prestataires en fonction de ces tests : missions à ventes additionnelles, par exemple, ou missions de gestion ou de conseil client, de SAV, etc.

Nadia insiste quant à elle sur l’importance de la confiance en soi : « Personne ne viendra vous féliciter pour vous dire que vous avez bien travaillé. »

Elle conseille également d’avoir une bonne gestion du stress :

« Les missions qui sont proposées sont certes enrichissantes, mais certaines situations sont réellement angoissantes à vivre. Je me souviens de plusieurs anecdotes qui aujourd’hui me semblent amusantes, mais dont je me serai bien passée.  »

Au final, Nadia déclare que cette expérience avec une société de homeshoring lui aura permis de développer ses capacités à s’adapter à toutes les situations et à mieux gérer les situations de stress.

« Aujourd’hui, je suis toujours en recherche de clients, mais je suis persuadée que cette expérience m’aura permis de perfectionner mes compétences. »

Caroline, pour sa part, en retire un complément de revenu sûr, mais insiste sur le manque de disponibilité pour prospecter d’autres clients.

«  Le Homeshoring est une bonne base pour un complément ou un revenu sûr.
Les inconvénients, comme ne pas fixer son tarif soi-même, sont à prendre avec considération.
Pour celles qui recherchent un côté humain dans les relations et qui aiment personnaliser leur travail, le homeshoring, c’est un peu de l’usinage.
Tout dépend de ce que l’on recherche. Je ne veux pas apporter un regard trop négatif sur le homeshoring, mais au contraire, tout dépend de notre profil.
L’absence de risque d’impayés ou de retard de paiement est à prendre en considération.
Ces sociétés sont à notre écoute pour nous épauler au démarrage et tout le long des missions. La rémunération est là ; il ne faut pas croire qu’on est sous-payé.
Maintenant attention, car souvent un seul client peut être vu comme du salariat dissimulé.
 »

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