La sous-traitance en AE, une question de calculs…

Nous savons que le statut d’auto-entrepreneur se prête mieux à une activité individuelle et qu’il limite le recours à la sous-traitance pour la bonne raison que les charges sont calculées à partir du chiffre d’affaires et non du bénéfice.

Quand un AE sous-traite une partie de son travail, pour une grosse mission par exemple, il devra donc payer des cotisations sur le travail qu’il n’aura pas effectué.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est auto-entrepreneur, qu’on doit être privé de vacances, ou passer à côté d’une grosse mission, trop importante pour une seule personne.

Ainsi, comment éviter la sous-traitance pour une télésecrétaire spécialisée en permanence téléphonique qui part en congés ?

Si elle doit attendre que tous ses clients partent en même temps, elle ne prendra sans doute jamais de vacances…

De la même façon, une télésecrétaire spécialisée en retranscription audio, si elle ne peut recourir à la sous-traitance, devra se contenter de petites missions et refuser toutes celles qui dépassent ses capacités personnelles. Dommage…

Si le statut d’AE ne favorise pas le recours à la sous-traitance, il ne l’interdit pas non plus. La seule chose est que la prestataire ne pourra déduire la facture de sa partenaire et qu’elle sera imposée sur le montant global de la mission.

Il ne s’agit donc que d’une histoire de calcul…

Avant de traiter avec sa collègue, la télésecrétaire en question devra prendre soin de calculer le montant de ses charges sur la mission pour les déduire du tarif de sa sous-traitante.

Il va de soi que si vos tarifs sont trop faibles, il deviendra difficile de trouver une partenaire pour la mission qui accepte de travailler pour une trop faible rémunération.

Prenons un exemple sur une mission de retranscription audio :

Vous êtes spécialisée en retranscription audio, inscrite comme auto-entrepreneur, et venez de décrocher une mission de 10 entretiens d’une heure à rendre à la fin de la semaine.

Vous savez déjà que vous ne pourrez traiter que 6 heures dans les délais impartis, mais ne souhaitez pas perdre la mission d’autant que ce client peut devenir récurrent.

Il vous faudra donc sous-traiter 4 heures.

De deux choses l’une.

  • Soit vous aviez prévu de sous-traiter et fait votre tarif en conséquence.
  • Soit vous avez vendu la mission à votre tarif habituel

Si vous avez vendu la mission à votre tarif habituel… on va dire 1,9 euro la minute enregistrée, soit 114 euros l’heure, il va falloir que vous calculiez le tarif rétrocédé à votre sous-traitante de manière à ne pas « perdre » d’argent sur la mission.

Vous allez en effet payer des charges sur ces 4 heures que vous n’aurez pas traitées vous-même et qu’il vous faudra payer à votre partenaire.

À 1,9 euro la minute, les quatre heures d’enregistrement sous-traitées seront facturées au client :

1,9 euro x 60 minutes x 4 heures = 456 euros

Imaginons que vous payiez votre partenaire 1,7 euro la minute en pensant faire une affaire (0,20 euro pour vous).

Sa rémunération sera alors de :

1,7 euro x 60 minutes x 4 heures = 408 euros

Mais, en réalité, il vous faudra payer :

456 x 25 % = 114 euros de charges pour une mission qui vous aura rapporté :

456 – 408 = 48 euros !

D’où l’intérêt de faire ses calculs avant de proposer la mission.Retour ligne automatique
Si la partie sous-traitée vous coûte 102 euros, c’est la somme que vous ne payerez pas à votre sous-traitante et qu’il faudra déduire de sa rémunération.

Le tarif proposé à votre collaboratrice sera donc de :

456 – 114 = 342 euros pour les 4 heures d’enregistrement, soit 1,425 euro la minute.

Dans ce cas, notez bien que cette partie de la mission ne vous rapportera rien, mais vous aura permis d’obtenir la mission et de garder le client.

Bien sûr, on pourrait imaginer que vous souhaitiez gagner quelque chose sur cette partie du travail que vous avez fourni à votre partenaire, d’autant que vous allez sans doute devoir relire et vérifier son travail.

Dans ce cas, mieux vaut prévoir que vous allez sous-traiter et prévoir votre tarif en conséquence.

Ainsi, imaginons que vous comptez payer votre partenaire 1,50 euro la minute (tarif faible, mais commun en sous-traitance) et que vous-même comptiez relire le travail effectué,

Le calcul de sa rémunération sera le suivant (toujours pour 4 heures de fichier) :

1,50 euro x 60 minutes x 4 heures = 360 euros pour elle

Si vous comptez travailler au moins 1 heure par fichier (relecture et correction), soit 4 heures au tarif de 25 euros l’heure, cela nous fait : 4 x 25 euros = 100 euros pour vous

Ce qui nous fait un total de 360 + 100 = 460 euros.

Or, vous savez que vous allez devoir payer des charges sur votre chiffre d’affaires. Il conviendra donc de majorer cette somme de 25 %.

Autrement dit, 460 euros devront représenter 75 % de votre chiffre d’affaires.

La mission devra donc être facturée au client 460 euros / 75 % = 613,33 euros, soit 2,55 euros la minute.

Ce qui nous donne : Retour ligne automatique
360 euros pour la sous-traitante (59 %)Retour ligne automatique
100 euros pour vous (16 %)Retour ligne automatique
153,33 euros de charges (25 %)

(Je ne suis pas rentrée ici dans le détail de l’explication des calculs, mais vous pouvez bien sûr me contacter pour en savoir plus.)

Prenons maintenant un exemple pour de la permanence téléphonique :

Vous êtes spécialisée en permanence téléphonique, inscrite comme auto-entrepreneur, et souhaitez partir 8 jours en vacances au mois de février pour profiter du soleil en famille en République Dominicaine…

Vous ne pouvez pas « laisser tomber » vos clients. Il vous faudra trouver une remplaçante à qui vous sous-traiterez vos lignes pendant une semaine.

Dans ce cas, il ne sera pas question de modifier votre tarif client, vous ne pourrez qu’ajuster la rémunération de votre partenaire.

Vos tarifs sont en moyenne de 1,25 euro l’appel (d’où l’intérêt de créer et suivre vos tableaux de bord pour connaître ce chiffre).

En tant qu’auto-entrepreneur, vous allez évidemment payer des charges sur cette somme que vous allez facturer en fin de mois à vos clients, soit :

1,25 x 25 % = 0,3125 euro

La rémunération de votre sous-traitante devra donc être de :

1,25 – 0,3125 = 0,9375 euro l’appel

Ainsi, si elle traite au cours de cette semaine de remplacement 462 appels, cela représentera :

1,25 euro x 462 appels = 577 euros facturés à votre clientRetour ligne automatique
0,9375 euro x 462 appels = 432,69 euros payés à votre partenaireRetour ligne automatique
577 x 25 % = 144,23 euros de charges à payer

Vous avez une question sur le métier de secrétaire indépendante, ou vous souhaitez participer à la rédaction de ce blog, contactez-moi !

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